Une psychothérapie encadrée. Voire ligotée ?

Depuis le 1er septembre 2016, une loi réglemente le titre et l’exercice de la psychologie : seuls médecins, psychologues cliniciens et orthopédagogues cliniciens pourront à l’avenir proposer des séances de psychothérapie. Jusqu’ici, le titre n’était ni protégé, ni reconnu; aujourd’hui, la profession « disparaît ».

Pour Maggie De Block, Ministre de la Santé Publique qui a porté cette loi, elle « permet d’encore mieux garantir la qualité des soins de santé mentale à nos patients »… Pour ses détracteurs, la loi supprime la fonction de psychothérapie en la considérant comme un acte médical, dûment réalisé par une personne disposant d’un diplôme de médecin, de psychologue clinicien ou d’orthopédagogue. Plus de 250 institutions professionnelles, de formation, de soins ainsi que des enseignants universitaires, de hautes école… s’étaient adressés au Premier ministre Charles Michel, durant cet été 2016, afin qu’il suspende le vote de cette loi. (A lire ou relire sur notre site). L’oreille ministérielle est restée sourde. La loi est entrée en vigueur. Avec toutes les conséquences directes et craintes futures que cela implique. A titre d’exemple, dans LLB du 29/06/2016, le syndicat socialiste (SETca) s’inquiète d’un projet de loi qui « menace également l’emploi dans la mesure où il mettra en difficulté les praticiens de différentes structures, dont les centres de planning familial, qui ne seront plus autorisés à exercer leur métier. » (Lire l’article sur le site de LLB)

APPEL A TEMOIGNAGES !

Aujourd’hui, les représentants de ces institutions et des hautes écoles ne baissent pas les bras pour autant. Dans le cadre d’un recours commun, ils lancent une récolte de témoignages auprès d’institutions et/ou des personnes travaillant dans ces institutions faisant partie des fédérations mandataires. Et qui voient leurs modalités de travail potentiellement modifiées à cause de cette loi. Si vous vous sentez concernés – des services de santé mentale, des centres de planning familial et des maisons médicales s’apprêtent à répondre à l’appel – n’hésitez pas à renvoyer vos témoignages, pour le 15/12 au plus tard, à rome.lbfsm@gmail.com Plus d’infos sur la récolte de témoignages et les actions juridiques en cours ici.

LECTURE

Analyse INTERMAG intitulée : « D’une loi liberticide, ou l’exécution sommaire des « psychothérapies », lieux de résistance d’un questionnement libre… » L’auteur, Anne Bienfait, elle-même psychothérapeute, propose une analyse « de l’intérieur » des conséquences de cette loi. Dans un premier temps, elle dénonce, à partir de cette question  » pourquoi tant de remous pour une loi qui ne viserait que le bien commun : protéger le bon peuple des charlatans et aider les moins nantis ? « , l’argument politique « racoleur » qui aurait servi à faire passer cette loi. Dans un second temps, elle démontre, avec de nombreux exemples et références à l’appui combien cette loi amène, insidieusement, l’alignement obligatoire sur un modèle de pratique médicalisée importée des Etats-Unis et qui balaie toute dimension politique, philosophique et existentielle à l’acte thérapeutique, le dénaturant ainsi. Pour les patients, c’est désormais le règne du fichage qui s’impose, sous prétexte de remboursement des soins. En filigrane de cette loi, c’est une société du contrôle qui se dessinerait.

Extraits choisis

(…) « Contrairement à d’autres pays européens (la France par exemple), le projet de loi porté ici par la Ministre de la Santé Publique, Maggie De Block, réglemente tant le titre de psychothérapeute que la pratique-même d’une psychothérapie désormais médicalisée et expurgée, au passage, de toute ses dimensions politique, philosophique et existentielle. (…) Laisser entendre qu’il y aurait plus de charlatans parmi les psychothérapeutes qu’ailleurs, c’est un argument fallacieux, que l’on croyait usé à force, par les statistiques des assurances des professionnels qui prouvent le contraire. Ajoutons que les formations pointues suivies par nos psychothérapeutes dans les écoles spécialisées et que les exigences du cursus, obligent ces étudiants (voir plus bas), au contraire d’autres, à un travail en profondeur sur leurs propres « démons ». Pour se convaincre de la légèreté de l’argument, posons la question : l’inquiétude générée par les dérives « charlatanesques » de certains médecins doit-elle nous faire douter de l’honnêteté du monde médical dans son ensemble ? (…) Au final, pour le thème qui nous occupe, la psychothérapie, c’est la perte programmée d’une écoute spécialisée dans l’accompagnement.

AUTRES DOCUMENTS UTILES

La note de politique générale « Affaires sociales – Politique de santé » (27 octobre 2016)La note de la COCOF – « Réforme de la loi réglementant les professions des soins de santé mentale » (18 juillet 2016)

AUTRE POINT DE VUE …

Dans la presse : « La loi De Block est une avancée pour les psychologues cliniciens ! », dans LLB, le 30 juin 2016. Une opinion de Thierry Lottin, président de l’Union professionnelle des psychologues cliniciens francophones (UPPCF)

EXTRAIT CHOISI

Dans la mesure où le projet de loi De Block légitimise la psychologie clinique, nous ne pouvons que soutenir ce projet de loi et, en tant qu’UPPCF, nous avons à coeur de défendre les intérêts de notre profession. (…) A côté du volet « psychothérapie », cette nouvelle loi est un véritable pas en avant pour le psychologue clinicien qui ne peut que s’en réjouir. En effet, elle fait enfin exister les psychologues cliniciens dans le monde de la santé qui est leur champ d’exercice par excellence. Elle considère enfin le psychologue clinicien comme une profession de la santé mentale à part entière, autonome, ne dépendant plus d’un médecin ou autre professionnel.

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