Didier Gosuin: «Je ne suis pas un faiseur de miracles»

Allter Echos N°397
17 février 2015
Par Julien Winkel


«Cela fait 20 ou 25 ans qu’on met des politiques les unes à côté des autres, qu’on les empile et qu’on les présente comme la solution qui va tout régler» a affirmé Didier Gosuin (FDF) ministre de l’Emploi et de l’Économie à la Région bruxelloise. Il est aussi ministre Cocof de la Formation professionnelle. Il a accordé un long entretien à Alter Échos.

Alter Échos: Depuis votre entrée en fonction on sent une volonté d’évaluer, voire de rationaliser les politiques déjà en place au niveau de l’emploi. Vous confirmez?

Didier Gosuin: Quand on est responsable de deniers publics, on se doit d’évaluer les politiques qui ont été adoptées ou qu’on adopte. C’est légitime. Il s’agit d’argent public et il faut se poser la question de savoir si cet argent est correctement dépensé, s’il atteint les objectifs qu’on lui a assignés.

A.É.: Cela n’a pas été assez fait auparavant?

D.G.: Ce n’est pas dans la culture politique. Cette culture politique aura plutôt tendance à faire voter une ordonnance, à mettre en place un système et à dire a priori: «Voilà la solution.» Alors qu’il s’agit peut-être de la solution, mais peut-être pas, ou en partie. Pour moi, il existe une obligation inhérente à ma fonction: faire l’évaluation des politiques qui sont en place. Cessons de faire croire que chacun a la solution miracle. Moi en tout cas je ne suis pas un faiseur de miracles. D’où la nécessité d’évaluer. Et de se mettre en autocritique permanente. Des idées, j’en ai à peu près une tous les jours. Mais est-ce que ce sont de bonnes idées?

A.É.: Il est vrai que l’accumulation des plans pour l’emploi en tous genres est un peu une spécialité bruxelloise.

D.G.: À Bruxelles, faire l’évaluation des politiques est probablement encore plus nécessaire. Il faut bien reconnaître que tous les indicateurs sont au rouge. Quand on voit le taux de chômage, celui des jeunes, le taux de sous-qualification… Et cela fait 20 ou 25 ans qu’on met des politiques les unes à côté des autres, qu’on les empile et qu’on les présente comme la solution qui va tout régler. Les responsables politiques, moi peut-être y compris, disent à chaque fois: «Ça va mal, mais maintenant vous allez voir.» Oui, on voit qu’il n’y a pas grand-chose qui se passe. Ça, c’est la réalité. Et si rien ne change, tout le débat sur le vivre-ensemble, c’est de la littérature. Il faut bien comprendre que l’on ne peut pas vivre dans une Ville-Région avec 28,7% de taux de chômage chez les jeunes. Parce qu’on est en train d’accumuler une dette sociétale qui est considérable. Voilà ce qui me motive. Cela dit, je ne vais pas vous dire que dans cinq ans on aura le plein emploi à Bruxelles, qu’il n’y aura plus de problèmes de qualification. Je sais très bien que ma marge de manœuvre est limitée. Se mettre en autocritique, c’est comme ça qu’on s’en sortira. Lire l’interview dans son intégralité sur le site d’Alter Echos

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