« Etat d’urgence permanent ! »

3/12/2015
A l’initiative de la FEDITO BXL, des représentants de fédérations signent ce billet d’humeur sur l’état d’urgence permanent.


Un autre monde est possible. Nous l’avons crié / espéré / manifesté, en début de décennie. Et en début de siècle. Et avant. La menace grave et imminente n’est pas seulement où on le pense.

C’est l’État d’Urgence climatique. C’est l’État d’Urgence policier et militaire. C’est l’État d’Urgence migratoire, pour des réfugiés fuyant les massacres ou la pauvreté. C’est l’État d’Urgence politique, les extrêmes revenant en force, et à droite, et pas seulement en France. C’est l’État d’Urgence européen, et la dernière chance pour sauver Schengen, et l’Euro, et l’UE. C’est l’État d’Urgence financier, il faut sauver les banques et les États. C’est l’État d’Urgence social, il faut sauver nos peuples et nos économies.

C’est l’État d’Urgence humanitaire, plus seulement hors d’Europe…

C’est l’État d’Urgence permanent.

Est-ce la conséquence de la Fin de l’Histoire ? De la disparition des grandes idéologies qui définissaient le Progrès, qu’il soit beau ou ignoble ? Est-ce la suite logique de la perte de Sens liée à un libéralisme hégémonique ? Un libéralisme étendu à l’échelle de la Terre, où il s’agit avant tout, voire uniquement, de gérer le risque, qu’il provienne d’ici ou de bien ailleurs…

« No Future… So Now, Endure. »

Dépasser l’État d’Urgence permanent nécessite l’avènement de visions actualisées, globales et de long terme. Et plus radicalement, de visions politiques. Pour transcender l’ensemble des problématiques auxquelles nous nous adressons. Pour anticiper les États d’Urgence. Pour faire émerger des réinventions et de réelles innovations. Pour rester à la page.

Mais pourquoi parler de tout ça, dans un édito collectif de fédérations associatives ? Pourquoi se gratter le crâne, si on ne parle pas de drogues, ou de précarités, ou de fragilités, ou de nos problématiques sectorielles ? Le fait est qu’on en parle : sous un prisme particulier, mais on en parle. Mais surtout, on revisite les notions sur lesquelles nous avons souvent bâti nos actions.

Parce qu’on a fait de l’insertion notre Graal, alors que l’ascenseur social est bloqué. Parce qu’on a voulu gérer les masses du bas, et qu’on en a oublié les flux. Parce qu’on s’est attaché aux présents de nos publics, et qu’on en a oublié leurs avenirs. Parce qu’on a voulu croire que tout emploi est bon à prendre. Parce que nous savions que la perte de sens pouvait mener à des désinsertions, chimiques, sociales, ou encore mentales, mais que d’autres formes d’auto-exclusion émergent.

Nous avons géré les risques : il le fallait, pour nos publics, confrontés aux risques de la vie à la rue, de la désinsertion, de la consommation de produits frelatés, d’infections diverses, de la précarité mentale, de la précarité sociale, … Nous avons géré les risques, pour nos associations et nos secteurs, lorsque la précarité des moyens ou des réformes alambiquées mettaient à mal les pratiques basées sur de longues expériences. Il le fallait. Mais d’autres problématiques émergent…

Désormais, l’horizon est ailleurs.

C’est le Social / Santé bruxellois, transcendant les besoins croissants et d’une autre nature. Concrètement, des dispositifs multi-agréments, rapprochant services d’aide aux toxicomanes, maisons médicales, centres d’action sociale globale, services de santé mentale, plannings familiaux, et d’autres encore. Certains existent déjà ; d’autres devraient advenir…

C’est la refondation de liens, avec l’insertion socioprofessionnelle, avec le socioculturel, avec l’enseignement, avec l’accueil de migrants, avec les coordinations sociales des CPAS, avec l’écologique…

Plus globalement, c’est la revitalisation d’une société civile, moribonde à certains endroits alors que c’est elle qui permettra la remise en projets. C’est une revitalisation, qui passera autant par les piliers structurants de ce qu’il reste de cette société civile, que par ses formes émergentes, éparses mais pleinement dynamiques.

Alors, forcément, le projet est ambitieux ; tellement, qu’il pourrait en être risible… Mais pense-t-on encore réellement que nos actions répondent pleinement aux besoins nouveaux ? Peut-on encore nous centrer sur nos présents, au risque d’ignorer nos futurs ?

Peut-on sortir de l’État d’Urgence permanent ?

Signataires

Sébastien Alexandre (FEDITO BXL)
Claire Borchgraeve (FBSP)
Anne Defossez (CAMD)
Laurent Erpicum (FBCCSSAD)
Julie Kesteloot (FDSS)
Jacques Moriau (CBCS)
Céline Nieuwenhuys (FDSS)
Miguel Rosal Martins (FMM)
Alain Willaert (CBCS)

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