Y’en a marre !
La Voix des Sans Papiers recherche soutien humain et administratif

Fin février, rue Fritz Toussaint à Ixelles. [Au numéro 47, plus d’une quarantaine de personnes sont réunies dans l’une des salles d’un imposant bâtiment inoccupé. Ambiance décontractée, mais attentive.] Un des membres de la Voix des Sans Papiers donne le ton : « Nous sommes des sans papiers, nous ne sommes même pas des citoyens. Or nous sommes des êtres humains au même titre que tout autre ». Focus sur leur appel à un soutien individuel dans le cadre de demande d’asile et de régularisation.


Dans un fond de brouhaha joyeux et intéressé, la Voix des Sans Papiers poursuit : « nous refusons toute forme de racisme, d’exploitation et de discrimination. C’est pourquoi nous avons décidé de nous organiser pour combattre celles et ceux qui nous oppriment, nous contrôlent, nous exploitent, nous criminalisent, nous discriminent, nous incriminent. Et revendiquer le droit à vivre dignement ! »

Pour mieux comprendre qui sont les organisateurs de cette rencontre, rapide petit retour en arrière. 2014, la Voix des Sans Papiers Bruxelles naît de l’occupation spontanée d’un bâtiment à Ribaucourt par 250 personnes dites sans papiers. Elle devient vite un espace de lutte autant politique que logistique. Une centaine de personnes (enfants, femmes, hommes), de tous âges, de trajectoires diverses et de nationalités et ethnies multiples s’organisent ensemble tant bien que mal, en autogestion : « des activités sont organisées, un repas par jour est pris tous ensemble, chaque personne de la communauté a une responsabilité »,… A partir des revendications politiques qui les rassemble, l’idée est de tisser du lien, de faire « famille ».

Origine du mouvement

Parmi ces personnes, une partie seulement a entamé des procédures pour régulariser sa situation : certaines ont été déboutées, d’autres ont des dossiers en cours ou cherchent un nouvel avocat, tentent de nouveaux moyens juridiques et administratifs pour émerger d’un quotidien plus que lourd. « ce qui nous fait perdre beaucoup d’énergie, ce sont les déménagements », explique l’un des membres de VSP. « Une année, nous en avons subi pas moins de 10 sur une même année ! Ce qui nous empêche d’avancer politiquement ».

« Nous n’y arriverons pas seuls ! »

Au fil de ces trop nombreuses expulsions et maltraitances des politiques et instances diverses, l’état physique et psychique des femmes et hommes de VSP se détériorent au point qu’il devient difficile pour certains de mobiliser des forces au quotidien pour les luttes individuelles et collectives. « Il faut être près de la mort pour pouvoir prétendre à nos papiers », témoigne l’un des leurs. « Nous avons conscience, plus que jamais, que nous avons besoin d’être épaulés dans notre lutte, nous n’y arriverons pas seuls: les professionnels sont débordés, n’ont pas le temps, nous manquons nous-mêmes d’une maîtrise de la langue administrative, nous avons un sentiment d’impuissance face à la complexité du système, une peur des autorités, nous ne sommes jamais vraiment en sécurité, à moins d’être en cours de procédure, … « .

Rôle de soutien-veilleur ?

« Mais nous voyons que notre colère et notre désarroi sont partagés par des citoyens qui refusent les politiques migratoires racistes et répressives de l’Union Européenne », constate VSP. Nous souhaitons créer des liens avec ces personnes pour nous accompagner et nous renforcer dans nos démarches juridiques et administrative, en vue d’une trajectoire vers de meilleures conditions de vie ».

Concrètement, une personne sans papiers de [VSP] sera mise en lien avec une « personne-soutien ». Un partage de ressources et d’expériences (notamment juridiques) sera organisé afin de devenir des amateurs outillés, autonomes et efficaces. « Il ne faut donc pas être avocat pour s’engager dans cet accompagnement », précise VSP, mais recevoir des informations de base sur le parcours de régularisation, avoir un aperçu du contexte administratif dans lequel se situe la personne sans papiers ». Par exemple, une tâche concrète de l’accompagnant serait de faciliter le lien et le travail avec les avocats, docteurs, assistants sociaux, fonctionnaires, … afin que les rencontres ne soient pas bâclées, que les échanges et décisions soient comprises par la personne sans papiers.

Le rôle et les missions d’accompagnement sont cependant à adapter au cas par cas, en fonction de chaque binôme; en fonction des besoins, des attentes, mais aussi des limites de chacun. Difficile donc d’évaluer le temps nécessaire à ce rôle de « veilleur », si ce n’est, a minima, être disponible 2 demi-jours en moyenne par mois et être présent dans les moments-clés traversés par la personne.

Transmission d’expériences

Un autre objectif de cette proposition est de construire un ensemble de ressources juridiques, médicales et psycho-sociales qui pourront servir au collectif. Comme par exemple, créer des contacts privilégiés avec des avocats qui deviendraient des alliés. Et ce, dans l’idée, que chaque sans papiers puisse déposer un dossier en vue d’une régularisation massive. « Parce que nous sommes condamnés à rester ici, mais pas condamnés à rester dans cette situation. C’est aussi une opportunité pour visibiliser notre lutte ! Parce que nous voulons aussi des solutions réelles de la part de l’Etat belge », rappelle l’un des membres de VSP. « L’Etat belge nous dit qu’on ne peut réclamer l’asile. Mais si on ne réclame pas, on ne nous donne rien. On ne va pas rester dans ce « rien », indéfiniment ! », conclut-il.

Stéphanie Devlésaver, 05/03/2020, CBCS asbl.

Pour plus d’infos pour accompagner une personne de VSP et les dates des prochaines rencontres d’infos :

Mail : vspenamarre@gmail.com
Tel : 0465 90 13 88
Page Facebook : https://www.facebook.com/voixsp1/

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